Résumé du livre : «Fais-moi plaisir et change la couleur de tes pensées avant qu'elles ne s'enflamment» : nous voilà prévenus, ce livre comporte de graves risques inflammatoires pour la rétine comme pour l'esprit. John Yau nous en fait voir de toutes les couleurs, lançant sa «machine de mots» sur le chemin de la peinture où l'on croise Hieronymus Bosch, J. M. W. Turner, Francis Bacon, Yves Klein, entre autres. Ce livre est une invitation à «tremper» dans la peinture «avant que les mots ne domestiquent cette expérience» : si les peintres prennent ici la parole, les poètes se font aussi entendre, des auteurs chinois de la dynastie Tang menés par Li Po et Tu Fu jusqu'à Dickinson, Baudelaire, Mallarmé, Trakl. Il ne s'agit pas pour autant d'une «lutte» pictura poesis: les mots sont trop conscients de leur matière verbale pour vouloir rivaliser avec les images.Dans cette poésie tendue entre le visible et le lisible, les couleurs sont invitées à muter pour devenir «des êtres humains / des individus hautement évolués.» Nous frayons alors avec ces personnages d'un nouveau genre, quitte à en retirer quelques joyeux bleus. Quant au personnage principal du poète lui-même, il se joue de nous dans une galerie de «portraits manquants» : sa biographie «raconte l'histoire de quelqu'un qu'il n'a jamais rencontré» et les seules confessions offertes sont celles d'un «sac à provision recyclé.»Dans le jeu de miroirs et d'images de John Yau, peut-être est-ce alors «une entreprise idiote / d'essayer de mettre des mots sur des idées». Le poète corrige aussitôt cette pensée en nous demandant : «ne vous êtes-vous pas parfois trouvés avec moi / Tout au fond d'une flûte de champagne ?» Au fil des pages, nous nous égayons en effet dans le mousseux des mots : Une autre façon d'écrire sur le sable est un livre qui pétille, un livre de fête.