Résumé du livre : La forte diffusion de l'art aujourd'hui et, avec elle, l'élargissement considérable de notre horizon artistique supposent - et même n'ont été rendus possibles que par - une transformation complète de la place de l'art et notre rapport aux oeuvres. La divine crainte que l'art inspirait par exemple à Platon a fait place à un «goût» aseptique et presque détaché. L'expérience artistique nous intéresse ou nous séduit sans nous engager sérieusement. Un masque primitif, une pietà ou un Kandinsky nous plaisent ou nous émeuvent sans nous entraîner jusqu'au bout dans le monde créatif, imaginatif, «anarchique», qu'ils représentent et qu'ils expriment. Ce constat, évident et cependant profond, est ici le point de départ d'une méditation savante et sinueuse où en écho à celle des plus grands, Hegel, Goethe, Baudelaire, Burckhardt, l'auteur des Mystères païens de la Renaissance est amené à développer quelques-uns des éternels problèmes posés par la nature de l'art, le rapport des artistes à leur public et leurs mécènes, l'utilité de l'érudition artistique, la mécanisation de l'art, la pratique généralisée du musée. La thèse compte moins dans ces causeries que la richesse des références ou la qualité de l'observation, et surtout cette souveraine simplicité du grand amateur et du grand professionnel qui a fait d'Art et anarchie un des classiques de la réflexion esthétique.