Résumé du livre : A l'automne 1684, le poète japonais Matsuo Bashô (1644-1694) quitta son Ermitage-au-Bananier, à Edo (actuel Tôkyô), pour retourner dans son pays natal et se recueillir devant les cendres de sa mère décédée un an auparavant. Hanté par l'idée de la mort, il acceptait de laisser éventuellement quelque part sur la lande son squelette blanchi par les pluies, la neige et le soleil. En fait, ce voyage lui permit aussi de faire connaître aux amateurs les principes de l'école poétique qu'il avait fondée. Né dans une maison de samouraïs, Bashô avait tôt délaissé les armes pour se consacrer au haikai, poésie enchaînée, composée à plusieurs. Profondément bouddhiste, passionné par les hauts faits du moyen-âge, nourri de littérature classique japonaise et chinoise, Bashô n'en considérait pas moins le monde réel qui l'entourait avec beaucoup d'attention, afin d'en dégager la beauté cachée. C'est tout cela qui fait sa manière. Pérégrinant de temples en sanctuaires, visitant des lieux célèbres pour un souvenir historique ou l'écho d'un poème, invité ici et là par amis et disciples, le poète accomplit, à travers les saisons, deux boucles à la suite, par monts et par vaux, dans cette région centrale du Japon, comme s'il tournait autour de la tombe de sa mère. Finalement, après neuf mois de marche, il retrouva son ermitage, tout étonné d'être encore vivant. A partir des notes prises et des tercets ou bokku (que l'on appellera haiku plus tard) improvisés en chemin, le maître de haikai rédigea un journal extrêmement allusif, aussi estompé qu'un lavis à l'encre, aussi fluide qu'une peinture sur rouleau. Refusant la description et le naturalisme, le poète cherchait à saisir l'essence des choses emportées par le temps. Ce journal - Mes Os blancs sur la lande - inaugurait une série de quatre autres relations poétiques qui suivraient chacune l'un des voyages entrepris par l'auteur dans les dix dernières années de sa vie et feraient de lui le poète vénéré des Japonais. Bashô, nom de pinceau du maître, signifie «bananier». Pour faire comprendre l'attitude d'esprit que symbolise ce végétal, nous avons donné les trois versions d'un poème en prose intitulé A propos de la transplantation du bananier. Une écriture si tentée par le silence et dédaigneuse des circonstances, appelait, en marge, des notes précises et des commentaires abondants que nous avons voulus agréables à lire.