Résumé du livre : Écrit à la deuxième personne du singulier, Procédure Dublin rayonne d'une présence amie, mais garde jalousement son mystère, entre mise à distance et confession. Une proximité particulière qui redouble la force d'un récit tanguant constamment entre l'acharnement et la désillusion, l'amitié et le désespoir. Celui que porte, inscrit à même sa chair, Aminata, jeune Malienne immigrée d'Afrique en France via l'Italie où un règlement européen (la fameuse procédure Dublin) la contraint de retourner sous bonne garde, après une incarcération sinistre dans un centre de rétention normand. Un destin marqué par la violence, qu'elle soit familiale ou administrative, une existence d'accablements et de blessures, que la narratrice décide d'assumer, de presque endosser à la faveur d'une fuite en avant amicale, quasi amoureuse. Elle-même dont les jours sont une succession d'épreuves, entre un aïeul paysan aux mains aussi noueuses que baladeuses, un ex-mari bringueur terrassé par un AVC et une mère toujours vaillante, mais dont le mode de vie lui est de plus en plus étranger. Alors, face à cette solitude, sa rencontre avec Aminata semble, paradoxalement, une bouffée d'air, une ouverture, la chance de reprendre pied dans une réalité qui ne se paie d'aucun mot, forte de la crudité vraie d'une destinée contrainte. Un road book bluesy et une méditation âpre, du don de soi au retour sur soi, Procédure Dublin nous offre un condensé émotionnel, sans fard ni pose, d'un tragique contemporain, présent et urgent.