Résumé du livre : À partir de recherches entreprises « sur le terrain » pour comprendre le fonctionnement de sociétés du Nord du Ghana, le professeur Jack Goody qui enseigne actuellement l'anthropologie sociale à l'université de Cambridge, se demande si l'on peut parler d'une spécificité de la pensée écrite.À l'encontre de la tradition qui considère généralement la parole comme le lieu de la vérité, Jack Goody se demande comment la linguistique - la science du langage parlé - peut exister sans l'écriture, étant entendu qu'écrire ce n'est pas seulement noter la parole mais aussi en découper et en abstraire les éléments. Reprenant ainsi les analyses de Jacques Dérida dans De la grammatologie, l'auteur montre que la langue parlée est déjà une écriture dans la mesure où elle nécessite un ton, une ponctuation - ce qui le conduit à soutenir que la parole dans son contenu comme dans son statut marque toujours des références multiples à l'écritIl étudie ensuite, à partir d'exemples empruntés à Durkheim et à Mauss, mais aussi à Griaule et à Needham, les transformations que l'on fait subir à la parole et plus généralement à toute information par la transcription écrite sous la forme de tableau de correspondances entre parties du monde, parties du corps etc., ce qui a conduit toute une tradition ethnologique, dont le mouvement structuraliste et notamment Lévi-Strauss, à supposer que la pensée sauvage obéit à des contraintes logiques qui sont en fait, en grande partie, le produit de techniques de transmission et de transcription de la penséePrendre conscience que le savoir écrit des sociétés sans écriture, cela ne va pas de soi, c'est ce que montre Jack Goody : parce qu'ils se posent peu la question, les ethnologues, pour connaître la pensée sauvage, commencent souvent par la domestiquer.