Résumé du livre : 1er septembre 1923. Un terrible tremblement de terre frappe la région du Kantô, faisant plus de 100 000 morts et détruisant environ 40 % de Tokyo. Les derniers quartiers qui avaient conservé l’atmosphère d’autrefois disparaissent, la reconstruction va permettre à Tokyo d’accélérer sa modernisation avec le développement des routes et du réseau ferré, la rénovation des voies fluviales et la création de parcs... La capitale se métamorphose en une ville moderne qui s’agrandit considérablement en 1932 en fusionnant avec les villes et villages environnants. Les destructions causées par le séisme et ces transformations urbaines sont souvent représentées dans les shin hanga (estampes nouvelles) et les sôsaku hanga (estampes créatives). La fin de la longue tradition des estampes ukiyo-e au tournant du XXe siècle a été suivie par l’apparition de ces deux mouvements artistiques. Si elles donnent un souffle nouveau à l'art de la gravure sur bois, les shin hanga perpétuent les techniques traditionnelles. Davantage inspirés par les mouvements européens, les artistes de sôsaku hanga dessinent, gravent et impriment eux-mêmes leurs œuvres au style plus personnel. Nombre d’artistes de shin hanga tels que Hasui Kawase dépeignent avec une grande virtuosité un Tokyo empreint de nostalgie où la modernisation est souvent peu visible. Certains graveurs de sôsaku hanga, quant à eux, à commencer par Shizuo Fujimori et Kishio Koizumi, s’intéressent davantage aux immeubles de béton, aux usines, aux nouveaux modes de transport ou aux paysages de banlieue qu’ils représentent dans leurs vues du Grand Tokyo. Un autre aspect de la modernisation de la capitale qu’illustrent ces estampes est le développement d’une culture de la consommation. Les grands magasins, cafés, salles de spectacles et autres lieux de divertissement des quartiers de Ginza, d’Asakusa et de Shinjuku sont des thèmes prisés des graveurs. De même que les jeunes gens à la mode, vêtus à l’occidentale, communément appelés « mobo » (modern boys) et « moga » (modern girls). Ainsi, avant la montée du militarisme et l’entrée en guerre du Japon, une nouvelle forme d’hédonisme s’épanouit déjà à Tokyo. Le catalogue qui accompagne l’exposition présente une centaine d’œuvres du Tokyo Edo-Museum peu connues en France, ainsi que des affiches, des photos ou encore des accessoires de mode. Ces estampes aux styles variés et novateurs, signées des grands graveurs de l’époque, oscillent entre fascination envers ces bouleversements et nostalgie pour le Tokyo d’autrefois.