Résumé du livre : Livres, moments - ici-bas regarder, s'occuper de la terre, écrire, voyager -, musiques, paysages, peintures, rencontres qui ont ébranlé, perturbé, il s'agit de traces laissées et de ce qui vient après, perspective neuve, décapée, mieux visible, déroutante parfois, ce qui s'installe à leur suite : des rêveries et leurs cours. Il s'agit de bonheur - l'esprit trouve là son plus heureux régime, rapide, vif plein de surprises - et de reconnaissance. Car le mouvement, l'élan, davantage, le pouvoir germinatif c'est à l'extérieur de soi qu'il se trouve, presque toujours c'est à d'autres que nous le devons. Aussi vers, réflexions, nulle lassitude jamais à les faire revenir, les écouter, se laisser habiter par leurs " petite(s) phrase(s) ".
Le ciel de traîne est une fête.
Il est singulier que l'on ne fasse plus qu'un usage technicien des " textes " que sont devenues les oeuvres, au lieu de lire celles-ci et d'en tirer plaisir parce qu'elles nous aident à vivre.
On souscrit bien sûr sans réserve à l'apostrophe de Mallarmé à Degas - " Ce n'est point avec des idées, mon cher Degas, que l'on fait des poèmes. C'est avec des mots. " Mais on aimerait rappeler une condition - qu'il y ait sous leur enveloppe un coeur battant, le coeur battant des choses, de la réalité et non une simple forme sonore ; et une conséquence - que le livre (beau ou pas d'ailleurs) soit fait pour aboutir au monde et non l'inverse. (Ceci après avoir dû éclaircir la défiance à l'endroit de ce poète ou plutôt l'absence d'intérêt sinon forcé à son endroit, en raison de son formalisme autant que de sa dramatisation de l'acte d'écrire.) Idée venue en considérant la cave et, d'autre part, le déballage des libraires, pêle-mêle effroyable : chacun, lecteur d'abord, n'aurait-il pas à gagner à exiger que sur le livre-produit, soit inscrit la mention " de garde " pour certains (équivalents des grands crus), et, pour les autres, la date limite de consommation ? Chacun, ainsi, choisirait selon son usage.