Jeudi 28 novembre 2024 à 18 h 30:
Rencontre avec
Paulin Ismard
pour son essai Le miroir d’Œdipe : Penser l’esclavage,
paru en 2023 aux éditions du Seuil.
Pourquoi la pensée politique grecque a-t-elle occulté la question de l’esclavage ? Qui sait que le jardin de l’Académie a été acquis par Platon avec l’argent de son affranchissement ? Qui parle de l’esclave qui détient le secret de la naissance d’Œdipe ? Le développement de la société esclavagiste athénienne et l’avènement de la démocratie entretiennent des liens étroits. Chez les Grecs, l’esclavage est un « fait social total », qui imprègne le fonctionnement de l’ensemble de la société. Pourtant, on chercherait en vain un corps de doctrine ou un grand récit par lequel les penseurs athéniens auraient entrepris de légitimer l’esclavage ou d’en penser les implications sociales et politiques. Rien – hormis quelques digressions.
S’appuyant sur ces digressions, mêlant l’histoire comparée et l’analyse littéraire, Paulin Ismard mène une enquête fascinante à travers les rares discours qu’ont tenus les Grecs sur l’esclavage. Il propose une lecture novatrice du mythe d’Œdipe et conduit sa recherche jusqu’en Amérique, en examinant la manière dont le fait esclavagiste est inscrit dans les œuvres de William Faulkner ou d’Edgar Poe.
Professeur d’histoire grecque à l’université d’Aix-Marseille, né en 1978, Paulin Ismard a notamment publié L’Événement Socrate (Flammarion, 2013) ; La Démocratie contre les experts : Les esclaves publics en Grèce ancienne (le Seuil, 2015) ; La Cité et ses esclaves (le Seuil, 2019) ; Athènes 403 : Une histoire chorale (en collaboration avec Vincent Azoulay, Flammarion, 2020) ; et il a dirigé Les Mondes de l’esclavage : Une histoire comparée (le Seuil, 2021). Son dernier livre, écrit avec Arnaud Macé, vient de paraître aux éditions Belles Lettres : La cité et le nombre : Clisthène d’Athènes, l’arithmétique et l’avènement de la démocratie.
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