Résumé du livre : Créateur de la Kulturwissenschaftliche Bibliothek de Hambourg dont l'actuel Warburg Institute de l'université de Londres affirme être la continuation, Aby Warburg (1866-1929) est demeuré en France une figure aussi légendaire qu'inconnue. Les Gesammelte Schriften dont il est l'auteur sont cependant des textes de référence faisant autorité auprès de nombreux chercheurs qui s'intéressent aux débuts de la Renaissance à Florence, à l'Allemagne du temps de la Réforme luthérienne. Warburg contribue au renouvellement du concept de Renaissance stylistique par le problème qu'il fait sien, l'étude des stéréotypes formels empruntés à l'antiquité classique, qui servent à exprimer le mouvement et la passion. Il s'intéresse en effet non point aux principes d'engendrement et aux règles de construction d'un espace géométrique ou perspectif, mais aux règles de la représentation d'un espace intérieur rendu visible sur l'écran plastique à deux dimensions par des procédés beaucoup plus mystérieux. Cependant le principe méthodologique auquel il se conforme lui interdit de dissocier l'étude des formes et celles des fonctions, l'étude de l'oeuvre de celle de ses usages sociaux et du monde de l'art dans lequel elle a été créée. D'où une conception interdisciplinaire de l'histoire de l'art. La thèse novatrice des Essais florentins réside dans la mise en évidence de la double influence de la vision esthétique de l'art gréco-romain sur la première Renaissance italienne. Ainsi Warburg identifie-t-il plus que des emprunts du Quattrocento (XVe siècle italien) à la double richesse de l'Antiquité païenne : l'harmonie apollinienne, et, à l'opposé, l'expressivité dionysiaque. Les artistes du début de la Renaissance vénéraient l'Antiquité ressuscitée tant pour sa belle régularité que pour la maîtrise avec laquelle elle donnait expression au tempérament pathétique.