Résumé du livre : Émile Storck et Nathan Katz ont reçu en 1966 à Freiburg l'Oberrheinische Kulturpreis. Deux poètes représentatifs de l'humanisme rhénan, appartenant l'un et l'autre à cette génération qui dut traverser deux guerres mondiales et changer de nationalité.Scolarisés dans la langue allemande, devenus citoyens français, ils firent tous deux le choix d'écrire en dialecte alsacien, se résignant à n'être lus que d'un public limité. Si Émile Storck, mort en 1973, n'a pas vu la renaissance de la culture alsacienne, son ami Nathan Katz sera salué par le héraut de la nouvelle génération, André Weckmann, comme «notre père à tous» et auréolé d'une soudaine gloire.L'intégralité de l'oeuvre dialectale de Nathan Katz a été publiée en édition bilingue (Arfuyen, 2001-2003). Celle d'Émile Storck est restée méconnue. Pourtant Katz n'avait-il lui-même affirmé qu'elle était plus «forte» que la sienne ? Cette injustice est aujourd'hui réparée : la traduction réalisée par le Cercle Émile Storck permet de découvrir une écriture aussi personnelle que savante, ainsi qu'une langue aux immenses ressources. Les poèmes de Storck donnent à entendre ce que la langue alsacienne aurait pu devenir.Inapte à la comédie sociale, Storck n'avait d'autre joie que de courir les forêts et les prés de sa vallée : plantes, oiseaux, insectes n'avaient pour lui pas de secret. Sa grande passion allait aux papillons, dont il était devenu un spécialiste et qu'on retrouve dans maints poèmes, voletants, éclaboussants de couleurs.Resté célibataire, Storck s'éteignit dans la maison paternelle. Tout près demeurait son aîné Joseph, agrégé d'allemand comme lui, devenu maire de Guebwiller en 1971. Les temps n'étant pas propices, manuscrits et collections furent dispersés. Joseph mourut en 1989. Ce qu'il avait fait en Limousin, pendant la guerre, pour sauver des enfants juifs n'a pourtant pas été oublié : en 1998 lui a été conféré le titre de Juste parmi les Nations. Il faut espérer que la postérité fera aussi mémoire de son cadet, le poète Émile Storck.