Résumé du livre : «De l'homme multiple, de l'écrivain aux facettes nombreuses, de la personnalité complexe cachée derrière des dons exceptionnels, quelle image doit-on ici privilégier, si l'on veut donner à lire ce qui est pour nous aujourd'hui le noyau essentiel de son oeuvre poétique? Est-ce le poète juvénile publiant autour de sa vingtième année une poignée de poèmes qui lui assurent d'emblée la célébrité et affirment sa maturité à l'âge où d'autres, longtemps encore, tâtonnent et se cherchent? Est-ce l'auteur de pièces de théâtre en vers, qui exalte l'esprit de la Renaissance et oppose l'art à la mort? Est-ce le prestigieux librettiste d'opéra associé malgré lui à un compositeur dont la musique marque plutôt un aboutissement et la fin d'un style? Ou bien l'esprit européen qui, semblable au Goethe du Divan, veut fondre occident et orient dans l'univers ambigu, à la fois onirique et réaliste, du conte? Ou encore celui qui, pour sauver les valeurs dans une époque de vide artistique et de décadence politique, tourne le dos à l'absence de style de son temps et renoue avec les grands thèmes du passé, habillant à la mode contemporaine tour à tour la tragédie antique, le mystère du Moyen Âge et les fantaisies baroques? Disons-le d'emblée:la raison d'être de la présente édition doit être cherchée dans la mise en avant d'un écrivain qui parvient au sommet de son art là où il tente de nous expliquer pourquoi la poésie se refuse à lui, pourquoi le poète qu'il n'est plus, ou ne veut plus être, a perdu tout contact avec le réel, pourquoi, donc, il décide de se taire et rêve de parler désormais la langue des choses muettes. Hofmannsthal nous apparaît alors comme étant à l'origine de toute une littérature qui, dans sa langue et dans celles des pays proches, érige en principe le fait que l'écriture en est réduite aux conjectures et qu'elle ne possède, sur les personages qu'elle extrait de l'ombre comme sur ce que cache ou révèle la langue, aucune certitude.» Jean-Claude Schneider.