Résumé du livre : « Le 9 avril, la grande usine de Joseph Foster, située dans le village de Horbury, à quelques kilomètres de Wakefield, est envahie par plus de trois cents hommes en armes, venus des villages environnants. Ce Foster a refusé de renoncer à utiliser une " machinerie odieuse " ainsi que le lui avaient fermement et maintes fois demandé ses employés, lesquels ont choisi d'en appeler à Ludd. Une fois les guetteurs postés, les luddites se mettent en devoir de détruire les grosses machines récentes qu'abrite le lieu, épargnant les plus archaïques. Ils ne se contentent pas de les détériorer mais les réduisent rageusement en miettes. Ils lacèrent ensuite la fibre et les tissus puis cassent toutes les fenêtres. Dans leur frénésie destructrice, ils s'attaquent en outre à des locaux et des équipements habituellement épargnés par la fureur luddite, tels le bureau du comptable ou la résidence du patron, adjacente aux ateliers. Du bris de machines, les luddites passent cette nuit-là à la démolition d'usine. »Le mouvement luddite (1811-1817) tenta avec vigueur de résister à l'introduction bu machinisme dans l'industrie textile anglaise et amena le royaume désuni au bord de l'insurrection. Au fil d'une narration parfois picaresque se dessine la naissance du capitalisme dominateur, façonnant les formes modernes de l'aliénation.On y voit conspirer les sociétés secrètes ouvrières contre une bourgeoisie manufacturière en pleine ascension, mais aussi contre une aristocratie sur le déclin quoique encore maîtresse des armes et des lois - et prompte à sévir contre les pauvres.Dépassant les points de vue biaisés sur les briseurs de machines - qu'ils soient vilipendés comme passéistes ou exaltés comme précurseurs -, le récit, ponctué de nombreux documents, explore l'universalité et l'actualité de ce soulèvement initial contre le salariat.Venez à moi, tondeurs de bon renomQui tant aimez la bonne bière brune,Et renversons tous les tyrans hautainsAvec hachette, pique et mousquet !refrainÀ moi les gars de la tonteÀ moi les vaillants garsQui à grands coups vigoureuxOnt brisé les machines à tondre,À moi les gars de la tonte !Les sbires ont beau grouiller partoutEt les soldats caracoler la nuitLes gars de la tonte mènent la danseAvec hachette, pique et mousquet !Et dans la nuit où rien ne bruitQuand derrière un mont se cache la luneNous avançons, bien décidésAvec hachette, pique et mousquet !Monsieur,On vient de m'apprendre que vous êtes détenteur de ces détestables machines à tondre, et mes hommes ont souhaité que je vous écrive pour vous prévenir loyalement qu'il faut vous en défaire... Prenez bonne note de ce que, si elles ne sont pas démontées avant la fin de la semaine prochaine, j'enverrai l'un de mes lieutenants avec un détachement d'au moins 300 hommes.Sachez aussi que si vous nous procurez ainsi la peine de venir de si loin, nous accroîtrons votre infortune en incendiant vos bâtiments, et que, si vous avez l'impudence d'ouvrir le feu sur l'un de mes hommes, ils ont ordre de vous tuer et de brûler votre maison.Et comme mes vues et mes intentions, et celles de mes hommes, ont été très déformées, je vais profiter de l'occasion pour vous les dire, et j'aimerais que vous les fassiez connaître à tous vos frères dans le péché. Je veux que les marchands, les négociants en étoffes et habits, le gouvernement et le public comprennent que les griefs d'un tel nombre d'hommes ne doivent pas être pris à la légère...Et les habits rouges verront, quand le moment sera venu, que nous ne déposerons pas nos armes avant que la Chambre des communes n'ait promulgué une loi interdisant les machines nuisibles au bien commun, et abrogé celle qui fait pendre les briseurs de machines. Mais nous ne pétitionnerons plus, cela est vain : il faut combattre.Le général de l'armée des justiciers,Ned Ludd