Résumé du livre : Une, traversée : dans ce livre, textes et photos font sens ensemble, corps contre corps, échangent constamment. Les auteurs ont tenté de traverser, justement, un matériau qui touche à quelque chose d'intime, pour atteindre à quelque chose qui aille au-delà d'une histoire privée, personnelle, quelque chose d'autre, de plus insaisissable.Soit des photographies de nu, autoportraits d'une femme dans l'obscurité d'une pièce, puis l'épaisseur d'une forêt ( verso des nuits ). D'un corps dévoilé rien cependant n'est affiché tout en étant montré ; malgré une mise en scène presque ostentatoire, le corps reste pudique. On est en-dedans, dans l'intimité du dedans, mais l'image est construite tout autant sur les draps, fenêtres, stores, rideaux, le plancher, l'entrebâillement d'une porte, la buée… elle ôte de / la nuit au drap // mélangeant l'étoffe / à la peau // : grande surface / dégrisée . On est, surtout, face à ce que cette femme donne d'elle-même, ce qu'elle nous autorise à regarder. Mais qui regarde ? C'est une des questions d'Yves di Manno, ce regard posé – et appelé ( les yeux tournés vers / moi sans me voir // – nue dès lors devant qui ? ; qu'intime-t-elle à celui / qui n'est pas dans // la pièce ? ) : ce travail est tout d'intimité ouverte , mais parce que cette intimité est duelle, finalement, parce qu'elle est partagée, il franchit l'écueil du voyeurisme.Yves di Manno, né en 1954, a publié une vingtaine de recueils dont, pour ne citer que le dernier, Champs, un-livre-de-poèmes (2014, reprise, chez Flammarion, de deux volumes parus en 1984 et 1987) ou d'essais, parmi lesquels Objets d'Amérique et Terre ni ciel (éditions José Corti, 2009 et 2014). Il est aussi traducteur de poésie américaine : William Carlos Williams, Ezra Pound, Jerome Rothenberg ou George Oppen. Yves di Manno dirige depuis 1994 la collection Poésie/Flammarion. Les éditions isabelle sauvage ont publié en 2012 Terre sienne, qui marquait son retour à l'écriture de poésie.Anne Calas, née en 1957, ayant animé une compagnie de théâtre et enregistré deux albums de chansons (et de créations sonores ), s'est aussi tournée du côté de l'écriture, qu'elle avait abordée jusque-là versant prose, avec Chroniques d'ici (avec un CD et onze lithographies de Jean-Michel Alberola, Item, 2009) et surtout La Logique de l'escargot, correspondance itinérante (livre et CD, Janninck, 2011), projet pluridisciplinaire qui a donné lieu à une exposition au musée de la Poste en 2013. En 2014, elle fait son entrée en poésie avec Littoral 12 (Flammarion), mais toujours de façon transversale, puisque ce livre est accompagné d'un chantier sonore ouvert sur son site, annecalas.com.