Résumé du livre : La présence de l'islam dans la Seconde Guerre mondiale a souvent été négligée ou cantonnée aux prétendues accointances des autorités religieuses islamiques avec le régime nazi. On a notamment insisté sur le rôle tenu par le mufti de Jérusalem, Haj Amin al-Hussein, qui aurait soufflé à Hitler l'idée de la Solution finale. Cette thèse simpliste et partisane évacue tout un pan de l'histoire politique de l'islam et la complexité de ce qu'il faut bien appeler la politique musulmane nazie, que cet ouvrage met en lumière pour la première fois.Dès 1942, constatant l'enlisement de la guerre en Afrique du Nord et dans le Caucase, les dirigeants nazis se sont mis à considérer l'islam, très présent dans ces régions, comme une force politique essentielle qu'il fallait rallier à leur cause. Ainsi les musulmans sont-ils devenus la cible d'une propagande acharnée et sophistiquée, quoique totalement ignorante des spécificités régionales et nationales. Se réclamant de l'anticolonialisme et prétendant prendre la défense des musulmans, les nazis espéraient à la fois provoquer leur soulèvement contre les puissances alliées et mettre sur pied des légions musulmanes. En postulant l'unité du monde islamique et en manipulant les textes sacrés et l'iconographie religieuse, la machine nazie s'est fabriqué de toutes pièces un islam imaginaireS'appuyant sur des sources recueillies dans plus d'une dizaine de pays, le livre de David Motadel met définitivement à bas la thèse d'une proximité idéologique entre nazis et musulmans. En réalité, là comme ailleurs, la machine de guerre nazie a échoué. Les soldats volontaires enrôlés par la Wehrmacht dans les Balkans, en Crimée ou dans le Caucase, furent avant tout animés par un désir de vengeance contre l'URSS, puissance oppressive dans la région, ou par des conditions de vie misérables. La prétendue adhésion des musulmans au nazisme n'a en réalité jamais eu lieu.