Résumé du livre : Les défenseurs comme les critiques du capitalisme nous présentent habituellement Adam Smith comme le fondateur d'une doctrine selon laquelle la libre compétition des intérêts individuels engendrerait spontanément le maximum de bien-être collectif. Cette idée n'est pas partagée par les spécialistes de son oeuvre car elle ne résiste pas à la critique historique. Ce livre montre notamment que la pensée d'Adam Smith a peu de rapports avec le libéralisme contemporain et que, par exemple, la fameuse « main invisible » n'y désigne pas les vertus autorégulatrices du marché.Smith est en réalité le premier auteur à proposer une analyse du capitalisme dont il découvre les trois dimensions : produit de l'histoire (la société commerciale), construction politique et intellectuelle (le système mercantile) et processus économique (l'accumulation du capital). Le capitalisme, à certaines conditions, permet l'enrichissement très inégal de tous, explique Smith, mais le système mercantile est injuste, car il est partial : il confond l'intérêt des marchands et l'intérêt général. Or, dit Smith, l'intérêt des marchands est « le plus souvent contraire » au bien commun. C'est ce que son analyse économique cherche à prouver. Le système mercantile est aussi responsable de la construction par la Grande-Bretagne d'un vaste empire colonial qui met en péril son régime constitutionnel remarquable hérité de la révolution de 1688 et qui risque de conduire à de nouvelles tyrannies. Quelles institutions permettront de tirer avantage du capitalisme en préservant la société des désastres que nourrit la logique mercantile ? Telle est la question ultime de Smith, dont l'oeuvre ainsi resituée dans son contexte originel s'avère d'une étonnante actualité.