Résumé du livre : Herzog est le roman d'un homme en plein effondrement. Le contexte historique est celui de l'époque où écrit Bellow : le mur de Berlin, la décolonisation, l'exploration de l'espace… Moses Herzog, lui, s'enfonce dans la mélancolie, fait le tour de ses malheurs en quête d'un sens qui lui serait dérobé. Hanté par ses désordres privés, il ne l'est pas moins par la duplicité de la vie publique et par un sentiment d'universelle défaite morale. Ce n'est pas seulement la question de son seul destin qu'Herzog veut résoudre, il voudrait tirer les hommes de leur coma. Sa colère contre Mady, sa seconde épouse partie avec son meilleur ami, un bellâtre rouquin, minable poète à jambe de bois, entrave son généreux projet. Mais Herzog ne se laisse pas démonter : pour faire connaître au monde le contenu de ses accusations fortement argumentées, il écrit. D'abord à ses amis, à ses épouses, au pape, à Eisenhower, aux psychiatres, au Monsignor qui a converti Mady au christianisme, à Sono sa maîtresse japonaise. Puis, à mesure que son état de souffrance s'aggrave, il s'adresse aussi aux morts : à sa mère dont il a négligé la tombe, à Spinoza avec lequel il se querelle, à Nietzsche auquel il tient à dire son fait, et finalement à Dieu. Le rythme des lettres, de plus en plus comiques à mesure que Herzog se dégrade, scande tout le roman. Mais les personnages deviennent aussi de plus en plus comiques et délabrés… La virtuosité avec laquelle sont traités les flux et reflux de la conscience, la manière dont ils convergent puis se défont au gré des circonstances, emporte le lecteur : c'est au prix de ce combat de gladiateur que, dans le sillage d'Herzog, nous apprenons ce que signifie d'accéder pleinement à l'humanité. La Planète de Mr Sammler : Mr Sammler est un universitaire, un Juif polonais spécialiste de poésie anglaise. Il est un survivant de l'extermination, resté vivant sous un tas de cadavres. Il s'est caché dans la forêt, il a tué, il a perdu un oeil. C'est son neveu qui a réussi à le faire venir à New York. Tout commence dans un autobus à Broadway où, pour le malheur de Mr Sammler, son unique oeil valide aperçoit ce qu'il ne devrait pas voir : un pickpocket noir en train de commettre un vol. Cet oeil fait comme s'il n'avait rien vu. Mais le Noir a vu qu'il voyait. La tension dramatique est déjà là. Nous supposons que ce qui va suivre sera horrible, et c'est horrible. Mr Sammler, qui a alors plus de 70 ans, n'imagine pourtant pas qu'après ce qu'il a vécu, il aurait droit à un peu de paix. Il sait que la coupe de la folie du monde est toujours sur le point de déborder. C'est par sa force intérieure qui lui a permis de survivre que Mr Sammler retient le monde, la première et dernière de ses convictions étant que la culture peut apporter une rémission, faute de rédemption. Mr Sammler n'a pas renoncé après la fosse commune, il ne renoncera pas davantage à New York, même si la folie est partout. En tête, sa fille, authentique cas psychiatrique, et son gendre israélien : Mr Sammler devra interposer son corps de vieillard mutilé pour les empêcher d'achever le voleur. Et son généreux neveu a fait fortune en pratiquant des avortements illégaux. Ainsi va l'Amérique, terre de tous les espoirs… D'instant en instant, Mr Sammler doit accomplir sa reconstruction mentale pour trouver la force de continuer à vivre.