Résumé du livre : Dans Les Désarçonnés j'évoque ceux qui tombent et se relèvent. Curieusement je défends ce dont j'ai si souvent fait les frais : la dépression nerveuse. Si on veut changer de vie, si on veut changer de famille, si on veut changer de couple, si on veut changer de maison, si on veut changer de pays, il faut repasser par la case départ. Pour toute renaissance il faut repasser par la naissance.C'est ce que les psychanalystes appellent la détresse originaire. C'est exactement ce que les modernes appellent la dépression nerveuse. Ma thèse est infiniment simple : c'est que la dépression nerveuse et la détresse originaire sont la même chose. C'est la première étape qu'on ne peut pas sauter. C'est l'étape à laquelle il est nécessaire de revenir à chaque difficulté que l'on rencontreLa dépression miracule. Ce n'est pas le médecin, le psychanalyste, le prêtre, l'antidépresseur, la drogue, qui guérissent de la dépression, c'est la dépressionL'autre thèse de ce livre est plus archaïque. Elle apparaît au tout début de notre histoire. Sur les parois des grottes s'opposent déjà les animaux grégaires et les bêtes solitaires. Tous les Anciens pensaient que la vie sociale était mauvaise. Ils estimaient qu'il n'y a pas un système politique meilleur que les autres. Tout système politique est atroce. Tout État suppose une hiérarchie, clive et oppose des dominants et des dominés, instruit une lutte à mort inguérissable. Mon oncle, Jean Bruneau, l'homme qui m'a appris à lire, celui qui m'a appris à manger quand je ne voulais plus manger, revenait du camp de Dachau et était astreint par le sort à réapprendre tout lui-même. Son exemple encourageait mes jours. Au delà de la mort il continue à exercer un ascendant absolu sur moi. C'est lui qui m'a projeté dans l'étude sans fin. Il m'a toujours dit : Méfiance ! Méfie-toi de tout ce qui fait groupe. La majorité est mauvaise. La solitude est référente. Chacun de nous commence seul dans le monde où il a été conçu et où il se déploie à jamais seul en silence.