Résumé du livre : Ce n'est pas de l'histoire de la Résistance qu'il s'agit ici mais de sa mémoire, autrement dit de la trace, encore vivace, qu'elle a laissée dans notre société. Ce livre constitue le second volet d'un travail sur la mémoire de la Seconde Guerre mondiale et sa « mythologie nationale ». Le premier - Le Mythe du grand silence. Auschwitz, la mémoire, les Français (Fayard, 2012) - réfutait la croyance que la mémoire de la Shoah aurait été refoulée dès 1945. Cet ouvrage pourfend la croyance qu'une chappe de plomb forgée par les gaullistes et les communistes dès 1944 aurait voulu que la France ait été uniment et unanimement résistante dès 1940. Il serait revenu à la génération née après la guerre de démystifier la Résistance et la France libre. Or cette passion n'est pas allée sans susciter sa propre mythologie, d'autant plus tenace qu'elle s'est alimentée à la conviction de son audace. Cependant les documents ont, de nouveau, paru à François Azouvi exiger cette remise en question radicale des pseudo-évidences sur lesquelles nous vivons. La Résistance et la France libre ont-elles vraiment fait croire aux Français qu'ils n'avaient pas été vaincus, qu'ils avaient tous vaillamment résisté, que Vichy avait à peine existé ? De Gaulle a-t-il été le « grand mystificateur » qu'on dit souvent, l'artisan d'un « mensonge » qui aurait tellement plu aux Français qu'ils l'auraient gobé avec enthousiasme ? Bref, faut-il penser que l'héroïsme n'a été qu'une valeur de contrebande qui a permis de faire « passer » l'Occupation, la collaboration, la compromission de certains et la passivité de la plupart ? Disons-le nettement : cette croyance en un mensonge consolateur est un mythe, et le présent livre montre comment et quand celui-ci s'est construit, quelle part de vérité il contient et quelle histoire a écrite la mémoire de cet événement hors du commun qu'a été la Résistance. Contrairement à ce que l'on pense, tout a été mis tout de suite sur la table, les Français ont pu savoir tout ce qu'ils désiraient apprendre et aucune censure n'a empêché quiconque le souhaitait de regarder en face les années noires. Et les Français de l'après-guerre ne s'en sont pas privés. Alors pourquoi la société française croit-elle qu'elle a cru à ce mythe ? Parce que l'heure est à la compassion pour les victimes qui nous ressemblent, et non pas aux héros qu'il nous faut admirer.