Résumé du livre : C'est lors d'un séjour en tant que lecteur de français aux Etats-Unis, au cours des années 70, que Philippe Denis a découvert l'oeuvre d'Emily Dickinson. La rencontre avec l'écriture de cette poétesse américaine, incomprise de son vivant et rédécouverte seulement après la Seconde Guerre mondiale, a été décisive pour ce jeune écrivain. Il venait à peine d'être publié par la prestigieuse revue L'Ephémère, dirigée par Yves Bonnefoy, André du Bouchet, Paul Celan, Jacques Dupin et Michel Leyris. Immédiatement attiré par cette écriture lapidaire et énigmatique, Denis décide dès ce moment-là de la traduire et parsèmera ses propres textes de références à son modèle.Fidèles à nos précédentes expériences à La Dogana (Góngora, Keats, Mandelstam, Akhmatova, Saba, Dante ou Rilke) nous avons une fois de plus souhaité confier à un poète la tâche de faire entendre dans sa propre langue la voix du modèle admiré. A vrai dire la rencontre entre ces deux voyageurs-rêveurs apparaît presque inévitable tant l'inventaire de leurs petites possessions révèle de biens communs. Il s'agit pourtant de tout autre chose que d'une filiation. L'affinité qui les réunit par-delà les ans, les lieux, les langues et la culture, s'apparente davantage à la présence, en eux - bien évidemment tacite - d'une chimie capable d'opérer des transmutations comparables face aux phénomènes du monde, d'en évaluer le poids sensible avec la même circonspection. De l'un à l'autre, les liens se tissent donc, bien plus qu'en raison de thèmes partagés, en fonction d'une manière commune de marcher, de choisir son terrain et ses itinéraires où ils semblent avancer aux mêmes heures et, souvent, au même rythme.