Résumé du livre : « Je dessine un carré avec des phrases compactes : c'est la maison. » Ainsi commence Incantation pour nous toutes d'Anna Milani. Mais si le texte, comme une maison construite de trente blocs faussement carrés, semble proposer un chemin géométrique et balisé, le lecteur qui s'y engouffre peut se perdre dans ce dédale peuplé de figures fantomatiques surgies du passé, un lieu mouvant qui provoque des images fortes, des visions, des tableaux... et des interrogationsLa maison, comme les figures qui la hantent (les femmes, toutes les femmes, le nous toutes du titre ?), est elle-même un corps, elle « a ses propres stratégies de survie » et « s'adapte à la morphologie souterraine », à l'eau des trois rivières qui courent, creusent et travaillent sous son sol. « Les murs connaissent l'histoire. » Ainsi, la question du dedans (la maison, le corps) et du dehors (la géographie, le territoire) jalonne le texte, dans un renversement du sens permanent : « le corps est un lieu-dit dont on ne connaît pas les voies d'accès »