Résumé du livre : Dans l'évolution de l'humanité, le sentiment d'avoir changé d'époque en période de crise et la notion d'un passé révolu ont toujours suscité le souci singulier de mieux appréhender les mondes disparus. Chez les Grecs, c'est aux temps hellénistiques, c'est-à-dire au déclin de la cité antique, qu'une archéologie a pu se dégager de l'historiographie. Les Anciens se sont donc intéressés aux vestiges matériels de leur antiquité. Certains « lieux de mémoire » encourageaient déjà un tourisme prospère. On rêvait sur les ruines de Troie ou d'ailleurs. Mais telles trouvailles inattendues suscitaient des interrogations pertinentes, quoiqu'on crût fréquemment devoir tirer parti de la mythologie. Car les dieux inspiraient parfois des découvertes. Le lucre motivait aussi trop souvent les prospections, et nos modernes détecteurs de « trésors » (beaucoup mieux outillés que les anciens pillards) n'ont pas d'autres mobiles. Cependant les textes nous démontrent également qu'on savait au besoin raisonnersur la vie que les hommes avaient connue jadis. Il semble finalement que, dans l'Antiquité comme de nos jours, le goût de l'archéologie implique une relation ambiguë au passé, tour à tour déploré ou idéalisé, mais dont l'évocation apparaît surtout comme l'occasion de revivre un autre temps, dans un autre monde.