Résumé du livre : Le livre de Michael Camille examine les représentations du culte des idoles au Moyen Âge. L'Auteur dévoile le fondement idéologique des oeuvres chrétiennes (peintures, statues, enluminures) qui décrivaient l'adoration des faux dieux aux XIII et XIVe siècles. En montrant que la critique des images idolâtres visait indirectement tous ceux que l'Église condamnait - païens, musulmans, juifs, hérétiques, homosexuels - Michael Camille met en évidence la façon dont la société médiévale envisageait à la fois l'autre et elle-même. Il associe la condamnation des images d'idolâtrie à la prolifération figurative propre à l'âge gothique, en un temps où les églises abondaient en reliques miraculeuses, statues et autres oeuvres « réalistes ». Les autorités ecclésiastiques se servirent de la notion d'idolâtrie pour combattre certains changements sociaux parmi les plus complexes de la période, en particulier ceux qui résultaient de la sécularisation croissante de la société. L'auteur étudie l'usage des images sacrées par le pouvoir royal. Il analyse les conventions de l'amour courtois dans lesquelles les femmes étaient idéalisées comme des objets de désir inaccessibles et simultanément dénigrées par l'Église comme créatures perverses. En s'efforçant de donner vie à l'image gothique, Michael Camille montre le bon usage qu'on peut faire des images pour explorer les attitudes et les croyances d'une société. Cet ouvrage est le quatrième titre de la collection « Anamnèse. Médiéval/Contemporain », dirigée par Zrinka Stahuljak, qui entend montrer « ce que le Moyen Âge fait surgir dans le contemporain, ce que le contemporain fait surgir du Moyen Âge ». La postface de Patrick Boucheron permet de situer justement la place du chercheur, Michael Camille, à l'époque de la publication de ce texte comme dans la recherche actuelle. Elle rend magnifiquement compte de l'actualité du texte de Camille sur la complexité de vivre avec cet « Autre » - dans la société médiévale comme dans notre époque actuelle.