Résumé du livre : « Borges, dans l'un des textes qu'il consacre à Quevedo, s'étonne de ne pas le voir figurer au Panthéon de la littérature universelle, alors qu'il le tient pour « le plus grand artiste des lettres hispaniques ». Sans doute, avance-t-il, parce qu'à son nom n'est associé aucun de ces grands symboles qui marquent l'imaginaire collectif. [...] En effet, la grandeur de Quevedo est avant tout verbale. Son oeuvre n'est celle ni d'un philosophe ni d'un théologien, ni d'un penseur politique. Elle est d'abord celle d'un poète au sens le plus large et en même temps le plus précis du terme. Ses idées sont communes et empruntées et il n'invente aucune des formes littéraires qu'il manie avec une virtuosité sans égale. Autrement dit, ce qu'il nous laisse, c'est un passage de vie qui ne s'incarne dans aucune figure universelle, aucun symbole, aucun événement pathétique mais dans le flux ininterrompue d'une incomparable force de langage où le laconisme le dispute à l'hyperbole, la fulgurance à la surcharge, la simplicité à la complexité. Cette force, on la retrouve concentrée dans ses poèmes et, en particulier, dans un certain nombre de sonnets parmi les plus mémorables de la poésie espagnole. Car Quevedo, avec quelques-uns de ses grands contemporains - Malherbe, son rival Gongora, Shakespeare et John Donne - est sans conteste l'un des maîtres du sonnet européen. C'est donc comme tel qu'on le présente ici, en privilégiant dans son oeuvre foisonnante un genre qui, par son universalité, traverse les frontières et nous parle encore directement. » Jacques Ancet.