Résumé du livre : Qu'on ne s'y trompe pas : la the´orie litte´raire n'a rien a` voir avec une recension entomologique des espe`ces de la litte´rature - ni avec une pulsion de rangement policie`re qui lui ferait mettre en ordre le champ litte´raire. On est passe´s a` autre chose : a` rebours d'un formalisme desse´chant qui l'aurait coupe´ du re´el, on pense pluto^t la the´orie comme l'occasion d'une promenade gentiment humaniste donnant l'occasion de prendre un bon bol d'air litte´raire et de s'ouvrir e´thiquement au monde. Comme cela n'a pas suffi, on a beaucoup re´fle´chi ces dernie`res anne´es aux belles intentions de la litte´rature de se remobiliser dans l'are`ne politique, de ne pas y faire de la figuration ou de ne pas y compter pour du beurre. Au point parfois d'en faire un mantra consensuel, voire paradoxalement de´politisant (cf. Olivier Neveux, Contre le the´a^tre politique ou Contre la litte´rature politique). La the´orie litte´raire n'a pas manque´ elle aussi d'amplifier ce de´couplage entre ce que la litte´rature dit qu'elle fait et ce qu'elle fait vraiment. L'ordinaire de la litte´rature inspecte les conditions logiques et politiques dans lesquelles la the´orie litte´raire s'est re´cemment e´crite - croyait-elle hors de toute ide´ologie, alors qu'elle en relayait l'air de rien d'autres, ide´alistes et libe´rales. Frileuse a` assumer des ta^ches critiques contre ce que la litte´rature pre´tend faire dans l'ordre politique qu'on nous fait vivre, elle a pris le pli - par de´fe´rence, par complaisance ou par scrupule professionnel - de passer les plats de la litte´rature contemporaine, sans avoir rien a` y redire, ni sans en pointer les duplicite´s ou les inconse´quences.