Résumé du livre : Comment définir la notion de ville, ou plutôt, comment rendre justice de la diversité du phénomène urbain sans renoncer pour autant à l'ambition conceptuelle ? Pour quelles raisons, en Occident seulement, les citadins se sont-ils parfois constitués en «citoyens» de leur ville, prenant l'administration de leurs affaires en main propre ? Et par quels curieux détours historiques cette figure typiquement occidentale du «citoyen» a-t-elle paradoxalement engendré celle du «bourgeois» moderne, de l'Homo oeconomicus consacrant sa vie au gain pacifique plus qu'aux affaires publiques ?C'est à ces questions toujours actuelles que Max Weber tente de répondre dans cette vaste fresque sociohistorique publiée ici dans une nouvelle et rigoureuse traduction. Dix ans après L'Éthique protestante, il y examine comment s'est constituée la couche sociale de travailleurs libres sans laquelle le développement d'une éthique du travail, condition sine qua non du capitalisme moderne, eût été impossible. Il y analyse aussi les luttes sociales qui ont peu à peu fait passer le pouvoir politique, traditionnellement aux mains des élites militaires, dans celles de nouvelles élites économiques - des luttes qui, dans les villes, opposaient plus des «ordres» que des «classes» et présupposaient la fraternisation insurrectionnelle des bourgeois en «communes» autonomes. Ce faisant, il propose une généalogie du bourgeois moderne, vecteur social et corrélat anthropologique des deux puissances déterminantes de la modernité globale : le capitalisme d'entreprise et l'État bureaucratique.