Résumé du livre : Ce volume, composé par l'auteur lui-même, réunit la « Trilogie américaine » - parfois comparée à celle de Dos Passos - et Le Complot contre l'Amérique, soit trente années de l'histoire américaine, de l'avant-guerre aux années 1970. Une histoire américaine reconsidérée à la manière de Roth, que le romancier se réapproprie sans souci de chronologie : l'« Amérique de Philip Roth ».De la contre-culture des années 1960 (Pastorale américaine), il revient sur le maccarthisme des années 1950 (J'ai épousé un communiste), passe par le politiquement correct des années 1970 et suivantes (La Tache), et se « projette » dans d'hypothétiques années 1940 (Le Complot contre l'Amérique), où le fascisme aurait gagné les États-Unis. Dans les quatre romans, c'est le socle mythique de l'histoire américaine qui est ici mis à l'épreuveDans Pastorale américaine, Roth examine d'abord les mythes fondateurs de l'Amérique, ainsi que la vision idyllique qu'ils sous-tendent, au travers de l'histoire de son héros juif, Levov dit le Suédois, ex athlète universitaire. Il est le prototype du héros américain : blond, les yeux bleus, un air de Viking qui justifie son surnom, athlète, mari de Miss New Jersey 1949, une maison ancienne à la campagne. Il est aussi dirigeant d'entreprise. Mais la réussite a ses limites et le mythe du héros s'effondre avec la bombe que dépose Merry, sa fille, devenue terroristeUn geste radical, une « contre-pastorale », voix des anticapitalistes, des opposants à la guerre du Vietnam, de tous ceux qui mettent à jour l'envers du système et proclament la folie de l'histoire américaineLa guerre froide est au coeur de J'ai épousé un communiste, deuxième volet de l'histoire américaine de Roth, avec le même narrateur (Nathan Zuckerman) et un personnage juif, Ira Ringold, aux prises avec les peurs de l'Amérique d'après-guerre. Bien que le cadre historique ait changé - l'époque est celle du maccarthisme -, l'auteur poursuit le même but que dans le roman précédent : démonter les rouages de l'histoireAvec La Tache, le troisième volet, Roth aborde les années Clinton, l'Amérique du « marathon de la tartuferie : le spectre du terrorisme, qui avait remplacé celui du communisme comme menace majeure pour la sécurité du pays, laissait la place au spectre de la turlute ». C'est le diktat de l'image de pureté qu'on se doit d'incarner, tel Coleman Silk, un Noir blanc qui porte comme une tache son secret et le reniement de ses origines. Autres manières de dénoncer l'idéal de pureté des mythes fondateurs, et ses conséquences sur les actes, les décisions, et en définitive sur la construction de l'individu lui-mêmeAu-delà de sa « Trilogie », Roth continue son parcours avec Le Complot contre l'Amérique, en projetant son enfance dans un imaginaire tragique : l'occasion de réinventer une séquence de l'histoire de l'Amérique, non pour la rendre plus belle, plus conforme aux exigences du Rêve américain, mais pour en montrer au contraire les possibles dérives fascistes, avec l'élection imaginaire de Charles Lindbergh à la Présidence en 1940Quatre oeuvres sur l'identité de l'individu pris dans la tyrannie des mythes américains et dans les grands bouleversements de l'histoire réelle ou possible de l'Amérique. Quatre oeuvres pour la déconstruction du « Rêve américain ».