Résumé du livre : Longtemps le couple parental fut le pilier des sociétés patriarcales et hétérosexuelles. « Papa-maman » (au singulier) y désignait l'horizon indépassable du foyer censé produire et élever les enfants. Cette norme naturalisée, décriée comme « bourgeoise », régentait le corps social tout entier et le « Famille je vous hais ! » d'un Gide ne faisait que confirmer son empire. Les temps ont changé et si nul ne se soucie aujourd'hui de conspuer la famille, c'est qu'elle est dans tous ses états.L'idée qu'il faille nécessairement un Père et une Mère pour faire naître et grandir des enfants semble datée, voire ringarde. L'hégémonie de l'ancien modèle parental est remise en cause tant par les avancées médicales (procréation médicalement assistée, gestation pour autrui, greffes d'utérus ou dons de mitochondries) que par des évolutions sociétales qui perturbent la symbolique conventionnelleTraditionnellement, le père a toujours été jugé « incertain » par le droit, par opposition à la mère, « certaine » par la grossesse et l'accouchement. Les techniques de procréation changent la donne et la figure maternelle elle-même perd un peu de son évidence. Quand l'enfant est conçu dans une éprouvette, qui sera véritablement « parent » de l'enfant à naître : le donneur de gamète (spermatozoïde, ovocyte), la personne qui le porte, celle qui l'éduqueAu coeur de notre psychologie, Freud avait placé le complexe d'oedipe : tuer le père, coucher avec la mère. Mais ce nouage de la constitution psychique (celle des hommes, du moins) est-il encore opératoire dans ces organisations nouvelles que sont la famille « queer », homoparentale ou transparentaleCe numéro spécial de Critique interroge les silhouettes de Papa et Maman telles que les redécoupent des bouleversements biomédicaux et légaux sans précédent