Résumé du livre : On se croyait quitte de ces sornettes, pour parler franc. L'enfance est derrière nous. Et le conte du vaillant petit tueur de mouches est une vieille histoire. Or voici qu'un écrivain prétend soudain devenir l'auteur conscient et responsable qui fait défaut à celle-ci, enfantée négligemment par l'imagination populaire, soumise à tous les avatars de la tradition orale puis recueillie en ce lamentable état par les frères Grimm au début du XIXe siècle. Il a des ambitions. Il compte bien élever le frêle personnage qui en est le héros au rang de figure mythique. Noble projet, mais quel est-il, ce héros, le vaillant petit tailleur ou l'écrivain lui-même ? Dans un monde fabuleux, peuplé de géants et de licornes, cette dernière hypothèse pourrait être moins extravagante qu'il n'y paraît.C'est une véritable leçon d'écriture à laquelle s'amuse Chevillard, sur le patron mité d'un trop courte conte populaire : Le Vaillant Petit Tailleur raconte en détail la fabrication du roman que nous sommes en train de lire, en incluant tous les possibles du récit, broderies de l'imagination, défauts ou repentirs de l'intrigue, faux plis et reprises d'innombrables parenthèses improvisées... Le texte se coud et se coude sans cesse : bifurquant à chaque chapitre, presque à chaque page, le héros se confond avec son créateur dans une aventure où les géants et prodiges se révèlent vite secondaires. On passe de l'évocation surprise d'un serial killer à la désopilante mise en boîte de Bruno Bettelheim, d'une soudaine anecdote dans le métro parisien aux commentaires ironiques de l'écrivain sur son propre travailFabrice Gabriel, Les Inrockuptibles