Résumé du livre : Si le monde veut être vu, s'il veut être senti, écouté et touché, goûté et pressenti et deviné, c'est qu'il ne s'est pas encore fait à l'idée de nous perdre. Entre l'homme, que son irrépressible besoin d'aller a poussé ailleurs, hors de lui, et la permanence de la vie dans sa mutation organique perpétuelle, s'est opérée une irrémédiable disjonction. Mais leur fascination mutuelle n'a pas cessé pour autant. On peut la lire au jour le jour en ouvrant au hasard le livre de Gil Jouanard. La patience rêveuse, le regard oublieux de soi, gourmand, jubilatoire, railleur, sensuel ou ému que l'écrivain pose sur les choses, les illumine d'un éclairage inattendu, découvre leur saveur, leur envers, leur immémoriale rumeur et aussi bien -leur peu de réalitéDes paysages familiers, le pont Charles à Prague, une photo de Doisneau, le pope de Botiza -ce village de Roumanie tardivement reconnu comme le pays premier -, une fenêtre qui brille dans la nuit de Paris, un morceau à la viole de gambe, autant de minutes d'exception ordinaires aussi tremblantes et précaires qu'ardentes pour peu que le passant réussisse à se saisir de l'éternité de l'instant, à résister un moment à son effritement pour écouter, née de la profondeur de la matière, la musique infinie et voluptueuse du monde.